La voix de tête - qu'est-ce que c'est ? Comment la renforcer ?

On parle souvent de la voix de tête, ou bien la voix de poitrine, ou encore de la voix mixte… et souvent les mêmes appellations sont utilisées différemment chez différentes personnes - alors comment est-ce qu’on est censé se retrouver la-dedans en tant que chanteur ?

Je vais vous expliquer ma façon d’utiliser ces termes, qui est basée sur mes recherches dans la phonologie pour le chant et l’anatomie vocale, mais ne soyez pas surpris si ça diverge par rapport aux autres théories que vous aurez certainement entendues - tout ce que je peux dire c’est que ma théorie est anatomiquement solide, donc pour moi elle tient la route et donne des résultats (ce qui est le plus important !) Pour moi, lorsqu’on parle de voix de tête ou de poitrine, on parle plutôt d’une résonance particulière - autrement dit, on décrit tout simplement l’endroit ou le chanteur ressent le placement de voix lorsqu’il chante. En règle générale, les aigus vont se ressentir dans la tête (et les fosses nasales) et les graves dans la bouche et la poitrine - d’où les appellations courantes de ‘voix de tête’ et ‘voix de poitrine’.

Ceci dit, ces appellations viennent du lyrique où on cherche à maintenir un son homogène sur toute la tessiture, ce qui n’est pas forcément adapté à toute la musique moderne. Au lieu de parler de vibrations et 'voix' comme s’il s’agissait de faits anatomiques, il vaut mieux se tourner vers notre ami le larynx pour y trouver les réponses. En fait, l’endroit où le chanteur ressent la 'résonance' (qui est plus une sensation de vibration qu'une vraie résonance - la poitrine serait très inefficace comme résonateur étant rempli d'organes et n'ayant aucun lien direct avec l'air du monde extérieur) n’a presque rien à voir avec ce qui se passe dans le larynx - il est tout à fait possible de faire ses aigus en ‘voix de tête’ (c’est à dire en ressentant la résonance dans la tête) et se faire mal parce que les cordes vocales ne sont pas correctement configurées.

Si on veut enseigner un chant modulable, qui s’applique à plusieurs styles (y compris le lyrique) sans courir de danger pour la voix, on doit forcément savoir quelle configuration des cordes vocales il convient d’utiliser pour chanter dans chaque partie de sa tessiture (et dans chaque style - parce que la réponse à la dernière question peut varier selon les conventions stylistiques) .Le larynx contient les cordes vocales (ou plis vocaux, comme on devrait plus correctement les appeler) et ce sont ces cordes qui créent le son lorsqu’on chante (et lorsqu’on parle aussi !) - ce sont donc les acteurs les plus importants dans la phonation pour le chant. Les cordes ont plusieurs configurations qui nous servent lorsqu’on chante (aussi appelées des mécanismes), ce sont :

  1. La friture : Les cordes sont très détendues et vibrent de façon chaotique. Le son ressemble un peu à une porte qui grince ou bien un léger grésillement. La friture est parfois utilisée en début de note pour une attaque assez ‘pop’ (penser : Britney Spears qui chante ‘oh baby baby’). Les chanteurs basses dans la tradition russe utilisent cette mode de vibration parfois pour les notes les plus graves.
  2. Les cordes épaisses : Le muscle qui traverse les cordes vocales (thyro-artyténoïde) est actif - il rend les cordes plus courtes et plus épaisses. Cette configuration est aussi appelé couramment ‘le mécanisme lourd’ - c’est la configuration qu’utilisent la plupart des hommes pour parler.
  3. Les cordes fines : Les cordes vocales sont plus tendues et plus longues car le cartilage thyroïde bascule en avant (par une contraction du muscle crico-thyroïde), tirant ainsi les cordes vers l’avant - comme elles sont plus tendues, elles sont forcément aussi plus fines (comme un élastique que l’on étire). Cette configuration rend l’accès aux aigus extrêmement facile.
  4. Les cordes rigides : Les cordes vocales se figent et s’ouvrent un peu pour laisser passer un filet d’air, les couches supérieures des cordes vibrent, alors que le reste ne bouge pas. Le muscle des cordes vocales (le thyro-aryténoïde) est inactif et le ligament vocal se rigidifie (d'où mon appelation) Aussi appelé le falsetto. Cette configuration donne un son léger, aéré et détimbré.
  5. Le siflet : Le sifflet est une version extrême des cordes rigides. On ’siffle’ un peu d’air à travers des cordes tendues. Cette configuration est utilisée pour chanter des notes extrêmement aiguës (à la Mariah Carey). Les recherches ne sont pas encore claires sur la production de ce mécanisme et il semblerait que différentes approches existent pour le produire - certaines plus saines que d'autres !

Dans le monde de la science vocale, on parle souvent de registre modal et registre falsetto. Le registre modal veut dire que le muscle dans les cordes (le thyro-aryténoïde) est actif. Le falsetto veut dire qu'il est inactif. Dans la liste ci-dessus, alors, les trois premières configurations font partie du modal et 4 fait partie du falsetto. Le 5 on n'en sait pas assez pour l'instant.

Ainsi, n’importe quelle configuration peut être chantée en plaçant une sensation de vibration dans la tête ou dans la poitrine - car ces vibrations sont largement dues à la hauteur de la note. Si on chante une note grave - on aura une sensation de vibration dans la poitrine - quelque soit la configuration employée. C’est pourquoi je préfère enseigner les configurations pour m’assurer qu’on attaque chaque note avec un maximum de facilité et aisance.

Si on se fie à l’approche ‘résonance’ (vibration) on peut très bien essayer de chanter son contre-ut avec les cordes épaisses, tout simplement parce qu’on ressent la vibration dans la tête donc on se dit qu’on est en voix de tête - très dangéreux ! Et si on se dit que ce n'est pas 'assez poitriné' on peut essayer de chanter cette même note en tâchant de garder la vibration dans la poitrine - ce qui ferait tou de suite entrer en forçage vocal.

Mais si on apprend à distinguer les configurations des cordes vocales, on ne peut jamais se tromper. Alors, pour mieux voir nos aigus il nous faut voir la configuration cordes fines, car c’est celle-ci qui nous donnera un accès léger et aisé à la partie aiguë de notre voix - certes, le son sera plus léger que l’approche ‘je force comme un malade pour que les cordes épaisses résonnent jusqu’à en haut’ - mais on aura des notes faciles et fiables que l’on pourra, par la suite, déguiser avec des astuces de résonance pour avoir la même puissance et même plus de timbre que quelqu’un qui a appris qu’il fallait forcer pour les aigus - et le tout sans faire aucun effort. Elle n’est pas belle, la vie ?…!Visionnez, donc, le clip qui vous donnera des exercices pour mieux sentir et travailler votre configuration cordes fines et la prochaine fois on verra les ébauches de cette mystérieuse voix mixte. Chantez bien !



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