La respiration dans le chant

Apprendre à respirer… ?

On me pose souvent la question suivante - ‘comment est-ce que je peux apprendre à respirer ?’….

Avant de partir dans mes opinions sur la respiration pour le chant, je vais vous dire ce que je dis à chacun des mes élèves qui me pose cette question - tu sais déjà respirer, autrement tu aurais déjà eu de gros soucis.

Contrairement à ce que disent beaucoup de gens, on n'inspire pas différemment pour le chant, les poumons se remplissent automatiquement (essaye de te les vider… impossible, hein ? Et même si tu penses y être parvenu, qu’est-ce qui se passe si tu lâches la tension ? De l’air rentre - pourquoi ? Parce que le diaphragme ne peut être contrôlé - il réagit instinctivement et automatiquement. Je répète, il est anatomiquement impossible de contrôler son diaphragme de façon utile pour le chant. On ne peut ni le sentir (il n'a presque pas de retour sensoriel) ni le contrôler. De plus - et c'est très important à retenir - c'est un muscle d'inspiration. Il est plus ou moins inactif pendant l'expiration.

Ensuite, il faut savoir que la respiration n’est qu’une partie du chant, il y a aussi des tas d’autres choses qui rentrent en compte - l’accolement des cordes vocales, le positionnement du larynx, la détente musculaire dans certains endroits et l'énergie musculaire dans d’autres… enfin la liste est très longue ! Tout ça nous montre que toute formation vocale qui mettrait toute son attention sur la respiration est du moins déséquilibrée.

Donc, est-ce que je pense qu’on peut faire n’importe quoi au niveau de l’air lorsqu’on chante - non. Pas du tout. C’est juste que les termes utilisés sont souvent trompeurs et causent beaucoup de problèmes (je récupère souvent des chanteurs avec des années de formation derrière eux qui sont incapables de chanter comme ils veulent mais qui ont, soi disant, une bonne technique respiratoire). Je pense qu’il faut voir les choses sous un autre angle et changer la question.

Au lieu de se demander ‘comment est-ce que je peux apprendre à respirer’ on va plutôt se demander ‘comment puis-je utiliser au mieux l’air qui est dans mes poumons lorsque je chante’ et là, ça change tout.

Le son et les ondes

Lorsqu’on chante (tout comme quand on parle, d’ailleurs) on produit des turbulences dans l’air (des bandes de haute pression séparées par des bandes de basse pression) qui transmettent le son à nos spectateurs, ensuite leur oreille décode ces turbulences (ou ondes - comme quand on laisse tomber un galet dans un étang) pour reproduire le son envoyé - c’est de l’ingénierie haut de gamme !

Lorsque les ondes sont plus rapprochées, le son est plus aigu et lorsque les ondes sont plus loin les unes des autres, le son est plus grave.

Mais, si le galet commence les ondes dans l’étang, quelque chose dans notre corps doit bien commencer les ondes dans l’air, non ? Quelque chose doit osciller assez rapidement pour perturber l’air et causer des vibrations. Si on pince une corde de guitare, on la voit vibrer - ce mouvement de va-et-vient comprime l’air à côté de la corde et l’entraîne loin de l’air qui l’entourait avant, et ce processus se répète en cycles - comprimer, entraîner, comprimer, entraîner… c’est ça qui provoque les ondes dans l’air.

Mais comment tout ça fonctionne dans la voix humaine ?

Si la corde de guitare cause des turbulences en se frottant contre l’air, la voix humaine les provoque en créant de la pression d’air et en la lâchant petit à petit.

Si on imagine ses poumons en tant que deux chambres à air qui peuvent être mises sous tension grâce à certains muscles de l’abdomen, on n’est pas loin de la vérité. Tout en haut de ce système est une valve ou un obturateur qui peut être réglé pour lâcher de l’air progressivement dans une série de toutes petites explosions.

Cette valve est créée en accolant les cordes vocales, ce qui ferme hermétiquement la chambre à air et en contrôle, de façon très précise, la sortie de l’air. Ce sont les petites explosions d’air qui créent les ondes pour la voix humaine.

Plus les cordes sont accolées et tendues, plus les explosions sont fréquentes et comme on a déjà vu, plus les explosions sont rapides, plus les ondes sont rapprochées et plus la note sonne aiguë.

Evidemment, c’est un schéma très simplifié de la voix humaine, mais ça suffit pour comprendre que la façon dont on respire n’a rien à voir avec le son qui sort de notre bouche. D’ailleurs, dès la naissance, même avant de savoir parler, on poussait tous des cris (parfois très aigus), sans se faire mal et sans un seul cours de technique respiratoire ! - c’est naturel.

Ce qui contrôle la pression d’air est donc le larynx et les cordes vocales. Les muscles de l’abdomen ont un rôle à jouer pour créer un débit d'air, mais le larynx créé la valve contre laquelle le souffle peut appuyer pour créer une pression.

C’est pourquoi, il faut d’abord s’assurer que le larynx est en bon état de fonctionnement (ni trop haut ni trop bas et qu’il ne bouge pas trop lorsqu’on chante - attention, j'ai dit 'pas trop' et non pas 'pas du tout' !) et que les cordes vocales sont correctement accolées AVANT de regarder la respiration. Le faire dans l’autre sens peut laisser passer des problèmes d’accolement des cordes vocales, ce qui reviendrait à essayer de chauffer une pièce sans avoir fermé la fenêtre d’abord - on peut mettre le chauffage à fond mais la pièce ne sera pas chauffée efficacement. Peu importe la ‘technique’ de chauffage que l’on utilise.

Une fois que j’ai réglé les problèmes de larynx et de cordes vocales, je regarde vite fait l’appui respiratoire - et MIRACLE - souvent il est parfait, le corps sachant comment respirer et comment utiliser l’air pour faire un son - il n’a que très rarement besoin d’apprendre. Je règle la respiration UNIQUEMENT si l’estomac ne sort pas lorsqu’on inspire et ne rentre pas lorsqu’on expire - ce qui est assez rare.

Donc tous les grands chanteurs ont une bonne technique respiratoire - oui, mais pour moi la bonne respiration est le produit d’une bonne technique vocale et non pas l’inverse comme le soutiennent beaucoup.

Vérifier sa respiration

Voici quelques exercices pour voir si votre respiration tient la route pour faire des sons (qu’ils soient chantés ou non) :

  1. Allongez vous par terre et mettez un livre sur votre ventre - lorsque vous inspirez le livre doit monter, lorsque vous expirez il doit descendre.
  2. Mettez-vous à quatre pattes et inspirez doucement - vous sentirez descendre votre estomac, lorsque vous inspirez il devrait monter. Vous aurez logiquement une sensation de contracter un muscle très profond qui tire le ventre vers la colonne vertébrale - il n'est pas poussé vers la colonne.

Si vous arrivez à faire ces deux exercices, félicitations - votre respiration est parfaite pour chanter. C’est marrant - ça n’a pas pris des années d’enseignement pour l’apprendre…

Dans un prochain article on verra comment mettre un appui abdominal pour soutenir l’air dans la trachée (vous remarquerez que je n’ai pas dit pour soutenir la note… je n’aime pas dire ça parce que les gens pensent que si l’air soutient la note, ils doivent en envoyer plus lorsqu’ils montent plus haut - FAUX. L'air doit rester libre de se varier en fonction de ce que font les cordes vocales - en haut elles sont logiquement plus fines et tendues - donc elles auront moins besoin de pression) - vous serez peut-être tout aussi étonnés de voir qu’une fois le larynx réglé, l’appui est souvent là de façon naturelle aussi. On dirait que vous êtes nés pour ça !

A une prochaine fois !



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